Assurance dommages-ouvrage : pourquoi est-elle indispensable ?
Le droit de la construction, domaine rigoureusement encadré et hautement technique, s’appuie sur un ensemble d’assurances et de garanties visant à protéger les acteurs d’un projet. Parmi elles, l’assurance dommage-ouvrage et la garantie décennale occupent une place centrale. Ces dispositifs sécurisent la conception, l’exécution et la durabilité des ouvrages, garantissant ainsi la protection juridique et financière des maîtres d’ouvrage et des professionnels du bâtiment.
Toutefois, la complexité en la matière impose une vigilance particulière.
Avant d’engager des travaux, qu’il s’agisse d’une construction neuve ou d’une rénovation, il est primordial de bien appréhender le fonctionnement des assurances obligatoires et facultatives. Une méconnaissance ou une sous-estimation de ces garanties peut avoir de lourdes conséquences en cas de sinistre ou de litige, tant pour les propriétaires que pour les constructeurs.
Ainsi, vérifier la conformité des assurances souscrites est une démarche incontournable pour assurer la réussite et la sécurité d’un projet de construction, tout en minimisant les risques de contentieux.
En cas de litige, l’accompagnement d’un avocat en droit de la construction est essentiel. Toutefois, la maîtrise des garanties applicables aux travaux constitue une précaution tout aussi indispensable pour anticiper d’éventuelles difficultés.
Parmi ces garanties, l’assurance dommage-ouvrage joue un rôle clé. Obligatoire pour le maître d’ouvrage, elle permet d’obtenir une indemnisation rapide en cas de malfaçons compromettant la solidité du bâtiment ou son usage, sans attendre qu’un tribunal établisse les responsabilités. Cette assurance couvre notamment les dommages relevant de la garantie décennale, qui engage la responsabilité des constructeurs pendant dix ans après la réception des travaux.
L’absence d’une telle couverture peut entraîner des complications majeures, retardant l’indemnisation et augmentant le coût des réparations en raison de procédures judiciaires potentiellement longues. Ainsi, souscrire une assurance dommage-ouvrage représente une précaution essentielle pour tout projet de construction ou de rénovation. Elle garantit la pérennité de l’ouvrage et protège l’investisseur contre d’éventuelles difficultés financières et juridiques.
I – Qu’est-ce que l’Assurance dommages-ouvrage ?

L’assurance dommages-ouvrage est une assurance obligatoire prévue par l’article L. 242-1 du Code des assurances. Elle permet au maître d’ouvrage de bénéficier d’un préfinancement des travaux de réparation des désordres de nature décennale, sans attendre qu’un tribunal détermine la responsabilité des constructeurs.
Pourquoi est-ce crucial ? Parce que les procédures judiciaires peuvent être longues et coûteuses, tandis que cette assurance garantit une indemnisation rapide.
II – Qui doit souscrire l’Assurance dommages-ouvrage ?
L’assurance dommage-ouvrage, dite assurance DO, doit être souscrite par le maître d’ouvrage, qu’il soit un particulier ou un professionnel de l’immobilier, et ce avant l’ouverture du chantier. Cette souscription est une obligation légale pour tout propriétaire souhaitant protéger son bâtiment contre les risques de dommages liés aux travaux.
📌 Attention ! À noter : L’absence de souscription à l’assurance dommage-ouvrage est une infraction pénale, passible de 6 mois d’emprisonnement et d’une amende de 75 000 euros. Il est donc crucial de respecter cette obligation pour assurer la protection juridique de son projet de construction.
Cette assurance construction offre au maître d’ouvrage un préfinancement des travaux de réparation des malfaçons, sans nécessiter au préalable l’identification des responsabilités des constructeurs. Elle permet ainsi d’accélérer le traitement des sinistres et d’assurer une indemnisation rapide des dommages, optimisant ainsi la gestion des incidents liés à la construction.
Il est également important de savoir que, si un particulier construit ou fait construire une maison pour lui-même ou un membre de sa famille sans intention de la revendre dans les dix années suivant la réception des travaux, il échappe à cette obligation légale. Cependant, en cas de revente durant cette période, l’absence de l’assurance dommage-ouvrage devra être signalée à l’acquéreur, ce qui peut compliquer la transaction et nécessiter une déclaration appropriée.
III – Quels sont les dommages couverts par l’Assurance dommages-ouvrage ?

L’assurance dommage-ouvrage prend en charge les mêmes malfaçons et désordres affectant la construction que ceux garantis par la garantie décennale. Cette couverture inclut une protection complète des ouvrages contre les dommages pouvant affecter la solidité et la viabilité du bâtiment.
Il s’agit de désordres de construction, survenant dans un délai de 10 ans suivant la réception des travaux et présentent un degré de gravité important. Ils doivent soit compromettre la solidité de l’ouvrage, soit rendre l’ouvrage impropre à sa destination, garantissant ainsi une protection étendue du bâtiment.
Par exemple, l’assurance dommage-ouvrage couvre les désordres suivants :
- ✔️ Les fissures importantes affectant la structure,
- ✔️ Un affaissement de terrain menaçant la stabilité de l’ouvrage,
- ✔️ Des infiltrations d’eau rendant le bien inhabitable,
- ✔️ Des défauts affectant la solidité des équipements indissociables du bâtiment (ex : chauffage central).
- ✔️défauts d’isolation thermique des murs.
Contrairement à la garantie décennale, qui impose d’établir la responsabilité du constructeur, souvent au terme d’une procédure longue, l’assurance dommage-ouvrage permet au maître d’ouvrage d’obtenir un préfinancement des réparations. Elle garantit ainsi une indemnisation rapide, sans attendre l’issue d’éventuels litiges avec les professionnels du bâtiment.
Il convient aussi de noter que cette assurance couvre les éléments d’équipement indissociables de l’ouvrage, c’est-à-dire ceux dont le remplacement ou la dépose serait impossible sans détériorer la structure de l’ouvrage, à l’instar des canalisations encastrées. Cette protection des éléments garantit la solidité et l’intégrité du bâtiment.
Elle ne couvre pas les défauts esthétiques ni les malfaçons mineures n’entravant pas l’usage normal de l’ouvrage.
IV – L’Assurance dommages-ouvrage : Un préfinancement des travaux de réparation :

L’un des principaux atouts de l’assurance dommage-ouvrage réside dans la rapidité de l’indemnisation. Son activation oblige l’assureur à répondre et à indemniser le maître d’ouvrage dans un délai réduit, offrant ainsi une protection efficace contre les impacts financiers liés aux sinistres.
Cette rapidité est essentielle car, en l’absence d’assurance DO, la résolution du litige peut être retardée indéfiniment, surtout lorsque les responsabilités des constructeurs concernés doivent d’abord être établies par une décision judiciaire. Cette incertitude sur l’indemnisation peut aussi paralyser une éventuelle revente du bien immobilier, rendant indispensable une déclaration rapide des sinistres.
V – Quand la garantie de l’Assurance dommages-ouvrage prend-elle effet ?
L’assurance dommages-ouvrage prend effet après l’expiration du délai de garantie de parfait achèvement, prévu par l’article 1792-6 du Code civil.
Toutefois, elle permet le paiement des réparations nécessaires lorsque :
- Après la réception des travaux, mais avant la fin du délai d’un an de garantie de parfait achèvement : Si, malgré une mise en demeure, l’entrepreneur ne réalise pas les travaux nécessaires, notamment en raison d’un désaccord sur leur exécution ou du dépassement du délai fixé à l’amiable.
- Avant la réception des travaux : Si, après une mise en demeure restée infructueuse, le contrat de louage d’ouvrage est résilié pour inexécution par l’entrepreneur.
VI – Quelles sont les modalités de mise en œuvre l’Assurance dommages-ouvrage ?
Lorsqu’un désordre de nature décennale se manifeste dans les dix ans suivant la réception des travaux, le maître d’ouvrage doit signaler le sinistre à son assureur.
Cette démarche est essentielle pour déclencher les garanties de l’assurance dommage-ouvrage et commencer le processus d’indemnisation.
🕒 Délais à respecter :
- L’assureur dispose de 60 jours pour notifier sa décision d’acceptation ou de refus de prise en charge,
- En cas d’acceptation, une offre d’indemnisation doit être faite sous 90 jours.
Si un dommage est estimé à moins de 1 800 € en coût de réparation, l’assureur n’est pas obligé de désigner un expert. Dans ce cas, l’indemnisation doit être plus rapide, avec un délai de 15 jours pour proposer une offre. Cette procédure simplifiée facilite la protection rapide des petits sinistres.
Si l’assureur ne présente aucune offre d’indemnisation dans les délais légaux, il peut être judicieux de consulter un avocat droit immobilier et en droit de la construction pour faire valoir les garanties de l’assureur.
Dans ce cas, l’assureur perd le droit de refuser sa garantie en raison de cette sanction.
Le maître d’ouvrage, en tant qu’assuré, pourra alors engager les frais nécessaires aux réparations et recevra ultérieurement une indemnité majorée de la part de l’assureur dommage-ouvrage, ce qui renforce la protection juridique et financière du projet.
VI – Pourquoi faire appel à un avocat droit immobilier et de la construction ?
Un avocat peut vous assister à plusieurs niveaux :
- Vérification des clauses du contrat d’assurance,
- Assistance en cas de litige avec l’assureur,
- Mise en œuvre des recours pour obtenir une indemnisation rapide,
- Contestation du refus de l’assurance Dommage-ouvrage
En cas de sinistre, un accompagnement juridique peut faire toute la différence pour éviter les pièges et optimiser votre indemnisation.
Conclusion : Une garantie incontournable pour sécuriser votre investissement
L’assurance dommage-ouvrage et la garantie décennale sont complémentaires. L’assurance dommage ouvrage est un mécanisme de préfinancement des désordres de nature décennale avant toute recherche de responsabilité des constructeurs. La garantie décennale nécessite au contraire d’engager la responsabilité des constructeurs sur le fondement des articles 1792 et suivants du code civil, assurant ainsi une double protection des ouvrages.
En cas d’apparition de désordres, n’hésitez pas à vous faire assister par un avocat en droit de la construction, lequel sera à même de mettre en œuvre l’assurance dommage-ouvrage et la garantie décennale. Cette protection complète garantit la solidité et la pérennité de votre habitation ou projet de rénovation.
FAQ
Quels sont les types de travaux couverts par l’Assurance dommages-ouvrage ?
L’Assurance dommages-ouvrage couvre les travaux de construction, rénovation, et extension, incluant les bâtiments clos, fondations, ossatures, et équipements indissociables comme le chauffage central ou les huisseries. Elle protège contre les dommages affectant la solidité ou habitabilité de l’ouvrage.
Quand doit-on souscrire une Assurance dommages-ouvrage ?
L’Assurance dommages-ouvrage doit être souscrite avant le début des travaux. Elle est obligatoire pour les projets de construction ou rénovation touchant le gros œuvre et garantit les réparations des dommages majeurs sans attendre une décision judiciaire .
Comment fonctionne le processus d’indemnisation en cas de sinistre avec l’Assurance dommages-ouvrage ?
En cas de sinistre, l’Assurance dommages-ouvrage instruit la déclaration dans un délai de 60 jours, sauf pour des dommages inférieurs à 1 800 € (15 jours). L’indemnité est proposée dans les 90 jours. Si les délais ne sont pas respectés, le propriétaire peut commencer les réparations et l’indemnité sera majorée.
Quelles sont les exclusions courantes dans un contrat d’Assurance dommages-ouvrage ?
Les exclusions courantes dans un contrat d »assurance dommages-ouvrage ‘Assurance dommages-ouvrageincluent les dommages dus à un entretien insuffisant, un usage inapproprié de l’ouvrage, et des événements externes comme les catastrophes naturelles ou les actes intentionnels .
